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La division des responsabilités : une approche simple et élégante pour l’alimentation des enfants

Nutrition - Autrice : Priscillia Ross

Lecture 5 minutes


L’alimentation des enfants est tout un défi pour les parents ! Les enfants, en grandissant, passent par toutes sortes d’étapes et d’obstacles en lien avec la nourriture, par exemple la néophobie alimentaire (avoir peur de goûter un aliment qu’on ne connaît pas), l’appétit qui varie, les préférences alimentaires qui changent, etc. Chez les parents, on s’inquiète de voir son enfant grandir en santé et on reçoit de nombreux commentaires, suggestions, conseils et trucs de toutes sortes. On peut parfois s’y perdre !

En réponse à tout cela, il existe une approche toute simple et élégante popularisée par la diététiste Elly Satter qui s’appelle « la division des responsabilités », prônée par de nombreuses institutions médicales, notamment l’Académie américaine de pédiatrie.

Voyons voir ce modèle et ses attraits.


Les mangeurs compétents

Tout d’abord, il faut comprendre que « la division des responsabilités » est une manière concrète pour les parents de développer les compétences alimentaires de leur enfant jusqu’à l’âge adulte. Avoir de bonnes compétences alimentaires, c’est :

  • Se sentir bien par rapport à ce que l’on mange

  • S’intéresser à la nourriture en général, et particulièrement aux aliments qu’on connaît moins

  • Faire confiance à soi-même et à son corps pour déterminer ce qui est mangé et en quelle quantité

  • Prendre le temps de manger avec attention

Cette approche, étonnamment, ne dicte pas ce que l’on devrait manger ou combien l’on devrait manger. Il n’y a aucune référence par rapport au poids que devrait avoir une personne. Il s’agit plutôt de principes qui soutiennent « comment » on devrait manger… et ça marche !

Selon la littérature, en comparant avec la population normale, il y aurait de nombreux avantages pour les adultes à développer ses compétences alimentaires :

  • Alimentation de meilleure qualité sur le long terme

  • Poids stable et avec un IMC égal ou inférieur

  • Meilleur état de santé (ex. : moins de problèmes buccaux, moins de risque de développer le diabète, meilleure pression artérielle, meilleurs taux de cholestérol sanguin, etc.).

  • Meilleure qualité de vie (ex. : moins de préoccupation par rapport au poids, moins de risque de souffrir de compulsions alimentaires, meilleures aptitudes sociales, meilleure estime personnelle, meilleures habitudes de vie comme un niveau d’activité physique plus élevé et une meilleure qualité du sommeil)

  • Meilleures aptitudes parentales avec l’alimentation

Ainsi, si l’on a à cœur d’être en bonne santé, il n’est pas nécessaire de se préoccuper de son poids ou de la taille de son assiette, mais il serait plutôt pertinent de développer ses compétences alimentaires !




La division des responsabilités

Revenons au sujet principal de l’article, soit la division des responsabilités. Il s’agit, pour les parents et les enfants, d’une façon d’appliquer le modèle des compétences alimentaires ci-haut. Les effets de la division des responsabilités sont les suivants :

  • Les enfants se sentent bien avec leur alimentation, sont curieux de découvrir de nouveaux aliments et tendent à vouloir manger les mêmes choses que leurs parents.

  • Ils mangent bien et grandissent bien.

  • Ils apprécient les repas en famille et apprennent à bien se comporter bien à table.

Ce faisant, ils grandiront en devenant des mangeurs compétents et bénéficieront à leur tour des avantages de ce modèle.



Comment appliquer la division des responsabilités ?

Il suffit de partager les 4 responsabilités de l’alimentation entre les enfants et les parents selon le stade de développement de son enfant. Définissons les 4 responsabilités :

  1. Le « quoi » fait référence aux aliments consommés par l’enfant (ex. : allaitement maternel, formule pour nourrissons, composition des repas familiaux, etc.)

  2. Le « combien » fait référence aux quantités de nourriture mangées au repas ou à la collation par l’enfant (ex. : de rien du tout à une assiette complète ou plus)

  3. Le « où » et le « comment » font référence à l’environnement dans lequel l’enfant mange (ex. : assis à table en famille, sur le sofa devant la télé, en train de jouer avec la tablette numérique, debout en marchant vers l’école, dans l’auto, etc.)

  4. Le « quand » fait référence au moment de la journée durant lequel l’enfant mange (ex. : heures des repas et des collations)

Dans les tableaux suivants, les responsabilités sont divisées selon le stade de développement de l’enfant.


Enfant

Parent

Bébé 0-6 mois

Combien, comment, où, quand

Quoi

Exemple : Les parents choisissent de donner du lait maternel ou de la formule pour nourrisson au bébé (le « quoi »).


De son côté, le bébé signifie à l’aide de ses signaux corporels quand il a faim (le « quand »), il boit à la demande (le « où » et le « comment ») et il choisit la durée de la tétée, puisqu’il s’interrompt de lui-même lorsqu’il est rassasié (le « combien »).


Enfant

Parent

Bébé 6-12 mois

Combien, où et comment (graduellement moins), Quand (graduellement plus)

Quoi, où et comment (graduellement plus), Quand (graduellement plus)

Un bébé qui commence à manger de la nourriture solide va graduellement perdre ses responsabilités du « où », du « comment » et du « quand » au profit de la routine familiale instaurée par les parents.


Il boira encore son lait maternel ou sa formule pour nourrisson à la demande. Ce sont toutefois les parents qui détermineront l’heure des repas (le « quand »), les aliments solides à essayer (le « quoi ») et l’environnement pour la prise des repas, par exemple la table à manger familiale (le « où » et le « comment »).


Le bébé choisit encore, une fois assis à la table avec les autres, s’il mange, et si oui, quelle quantité de nourriture il va manger (le « combien »).


Enfant

Parent

À partir de 12 mois jusqu’à l’adolescence

Combien

Quoi, où, comment et quand

Lorsque la routine familiale est bien installée, les parents choisissent toujours ce qui est servi aux repas et aux collations (le « quoi »), ils déterminent l’heure des repas et des collations (le « quand ») ainsi que l’environnement dans lequel ils seront mangés (le « où » et le « comment »).

De leur côté, les enfants continuent de choisir s’ils mangent et quelle quantité ils mangent aux repas et aux collations (le « combien »).



Les stratégies gagnantes pour une division efficace des responsabilités

La division des responsabilités est une approche efficace et recommandée pour favoriser une alimentation saine, satisfaisante et positive autant chez les enfants que chez les parents. Cependant, elle n’est pas nécessairement facile à instaurer. Il est normal pour un parent d’avoir des doutes. Il faut faire preuve de patience, de constance et surtout, il faut faire confiance à son enfant.

Pour les parents, instaurer une routine comprenant des repas pris tous ensemble assis à la table familiale, des heures de repas et de collation régulières et des choix alimentaires variés sont tous des éléments importants d’une division efficace des responsabilités. Cela permettra à l’enfant d’avoir le temps et l’environnement nécessaire pour apprendre comment se comporter à table, apprendre à manger comme les autres, ainsi qu’apprendre à écouter ses signaux internes de faim et de rassasiement.

Parfois, un enfant mangera très peu, un ou deux aliments seulement dans son assiette, et d’autres fois, il mangera beaucoup et en redemandera. Ce sont des phénomènes tout à fait normaux qui font partie d’une croissance saine ! Il ne sert à rien de contraindre un enfant à finir son assiette, ou le contraindre à s’arrêter sous prétexte qu’il mange « trop ». Laisser l’enfant se concentrer sur le « combien » et se concentrer en tant que parent sur ses autres responsabilités, c’est favoriser le développement des compétences alimentaires de son enfant, si précieuses pour le futur !

En vous souhaitant « bon appétit » !



RÉFÉRENCES:


Feeding Your Child Using Division of Responsibility. (2019, 08 22). Consulté le 02 08, 2021, sur HealthLink BC: https://www.healthlinkbc.ca/health-topics/ug2200#:~:text=The%20division%20of%20responsibility%20is,Infants%20are%20fed%20on%20demand.)


The Satter Eating Competence Model. (2020). Consulté le 02 08, 2021, sur The Ellyn Satter Institute: https://www.ellynsatterinstitute.org/satter-eating-competence-model/

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